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Sur la piste du nouveau bolide de Yamaha
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Avec le Seqtrak, Yamaha se relance sur le marché de la groovebox, via une proposition au design osé et quelques liens de parenté avec les produits Teenage Engineering. Regardons donc ensemble si cela peut nous intéresser en 2024 !

Test de Yamaha Seqtrak : Sur la piste du nouveau bolide de Yamaha

20 ans après la série des SU ou la RM1X, Yamaha sort le Seqtrak, sa nouvelle groo­ve­box, avec un design curieux qui ne laisse pas indif­fé­rent, rectan­gu­laire de 42 fois 16 fois 9 cm, et dispo­nible en deux colo­ris (noir ou blanc + orange). Ce secteur semble aujour­d’hui assez dyna­mique, avec des propo­si­tions très diffé­rentes les unes des autres sur la forme comme sur la fonc­tion. Tantôt elles sont utili­sables comme hubs pour des sets plus complexes, parfois axées sur la porta­bi­lité, plus ou moins solides sur la partie synthèse ou la partie sampling, construites pour être poly­va­lentes ou bien dédiées à des types de sono­ri­tés parti­cu­lières, tota­le­ment stan­da­lone ou très dépen­dantes de contrô­leurs et d’ap­pli­ca­tions de pilo­tage, avec des pads élabo­rés ou le strict mini­mum pour enclen­cher des notes de musique, centrées sur la perfor­mance ou les séquen­ces… Diffi­cile en effet de ne trou­ver que des points communs qui sautent aux yeux entre un Nova­tion Circuit Tracks, un Roland MC-101, un Elek­tron Syntakt, un Sonic­ware Liven Lo-Fi 12, un Akai Force ou un Teenage Engi­nee­ring OP-Z.

maxresdefaultseqPour ce nouveau produit de la firme aux 3 diapa­sons, sorti en ce début d’an­née, l’ins­pi­ra­tion se trou­ve­rait plutôt du côté du OP-Z, qui est sur une même gamme de prix en plus de parta­ger quelques points communs, au niveau de l’ap­pa­rence ou de la connec­ti­vité avec une appli­ca­tion dédiée. Toute­fois, s’ar­rê­ter là-dessus serait faire abstrac­tion des spéci­fi­ci­tés du Seqtrak, comme la gamme d’ef­fets consé­quente ou l’usage des tech­no­lo­gies Yamaha AWM2 (Advan­ced Wave Memory 2) et FM embarquées – qui rappellent surtout le Yamaha SY77 ou le MOTIF avec leurs petites puces géné­ra­trices de son (utili­sées aussi dans des consoles de salon ou des inter­faces audio des années 90 à 2000). Voyons voir de quoi il retourne ici !

Yama Heart, Yama Soul

La nouvelle groo­ve­box rectan­gu­laire de Yamaha a des carac­té­ris­tiques assez impres­sion­nantes. Elle dispose de onze pistes avec des moteurs sonores diffé­rents, d’un séquen­ceur à pas pour contrô­ler tout ça, de deux modes Song (avec les scènes qui se jouent à la suite ou en boucle), du resam­pling live de la sortie audio, d’une quan­tité impor­tante d’ef­fets diffé­rents qui peuvent être cumu­lés en série et en send sur chaque piste et sur le master, avec des enco­deurs en masse (17), des pads (24), des boutons (20), un switch, trois contrô­leurs tactiles, de LEDs, avec une connec­ti­vité USB (audio mais seule­ment sur le bus stéréo / MIDI / contrôle), WiFi et Blue­tooth, un micro et un haut-parleurs inté­grés, une batte­rie avec entre 3 et 5 heures d’au­to­no­mie en jeu, le tout pour un tarif autour des 380 euros.

18898756 800Le Seqtrak possède égale­ment une sortie ligne / casque minijack avec une bonne réserve de gain, une entrée audio minijack, le port USB-C pour le rechar­ger, le connec­ter à un ordi ou un smart­phone / tablette et même à un contrô­leur de type Artu­ria Keys­tep, le sampling des trois (!) entrées audio dispo­nibles, et une prise minijack MIDI non conven­tion­nelle. La machine est livrée avec un bidule qui permet d’en faire une entrée et une sortie MIDI au format DIN qu’on essaiera de ne pas perdre, ainsi qu’avec de la docu­men­ta­tion papier et un câble USB-C.

Seqtrak-App-1Le tout peut inter­agir avec une appli­ca­tion pour Windows, mac OS, et même iOS et Android (toutes les versions sont très proches) qui propose un tuto­riel, le backup des projets, l’en­voi de contenu addi­tion­nel pour remplir l’es­pace mémoire (plus de 500 Mo et des espaces pour un millier de patchs de synthés et de sons diffé­rents), des pense-bêtes avec tous les raccour­cis à connaître (on y revien­dra) ou la liste des présets d’ef­fets, une fonc­tion appe­lée « Visua­li­zer » (on y revien­dra aussi), et bien sûr un navi­ga­teur (le GUI Editor) qui donne accès à toutes les commandes du Seqtrak, aux diffé­rents onglets, avec même des fonc­tion­na­li­tés supplé­men­taires ! Inutile de dire qu’il y a ici de quoi faire.

Seqtrak-App-6Ce qui frappe donc en premier lieu avec cette machine, c’est une certaine géné­ro­sité dans le contenu asso­cié et dans les spéci­fi­ca­tions. On regret­tera que celle-ci ne soit pas livrée avec un bundle logi­ciel comme d’autres groo­ve­boxs, mais on est impres­sionné par les possi­bi­li­tés offertes avec 11 pistes (sept de sons de BAR, deux de synthé­ti­seur AWM2 avec 128 voix de poly­pho­nie, une pour le synthé­ti­seur DX avec 8 voix, et une pour le sampling ou les sons impor­tés égale­ment), les diffé­rents effets et leur combi­nai­son, ou par la quan­tité de présets inclus ainsi que leur variété. Dans l’ap­pli­ca­tion, un rapide coup d’œil à l’on­glet permet­tant de rajou­ter des présets montre la présence d’une tren­taine de packs clas­sés par style ou par artiste, avec pour chacun une combi­nai­son de sons de drums, de sons pour le sampleur, et de patchs de synthèse (quoi qu’en nombre moins impor­tant que les samples purs et durs pour le moment). On imagine aussi que ce nombre de packs va gran­dir au fil du temps avec le suivi du Seqtrak.

Seqtrak-App-12De plus, certains packs possèdent un projet d’exemple que l’on peut char­ger dans un des 8 slots dispo­nibles, dont 3 sont pris par défaut par les projets de démons­tra­tion d’usine de Yamaha. Même si la fonc­tion­na­lité de sauve­garde des projets est rela­ti­ve­ment fluide, on regret­tera toute­fois de ne pas avoir accès à beau­coup plus de place pour les projets, d’au­tant que l’es­pace mémoire dispo­nible ne semble pas être un problème ici. Peut-être une amélio­ra­tion à venir dans une future mise à jour ? Un bon point pour l’ap­pli­ca­tion d’ailleurs, c’est que tous les patchs et projets acces­sibles se chargent en un ou deux clics, et disposent systé­ma­tique­ment d’une fonc­tion de pré-écoute bien­ve­nue et ludique.

Au passage, je tiens à signa­ler que j’ai rencon­tré quelques petits problèmes avec l’ap­pli­ca­tion. Tout fonc­tionne correc­te­ment sur mon Mac mini en M2 avec le câble USB-C inclus, par contre j’ai eu des soucis de synchro­ni­sa­tion entre l’ap­pli et la machine sur Windows avec divers câbles USB-C vers USB-A, ainsi que sur iOS en Blue­tooth. D’après mes recherches sur les forums et les infos que j’ai obte­nues via support, ces problèmes ne sont pas toujours repro­duc­tibles, et peuvent venir d’un défaut sur mon exem­plaire. On vous tien­dra au courant là-dessus.

Vitesse maxi­male

Après avoir chargé un certain nombre de patchs et de samples, on découvre que les moteurs du Seqtrak couvrent un grand nombre de terri­toires sonores, contrai­re­ment à d’autres groo­ve­box de cette gamme de prix. En plus des possi­bi­li­tés offertes par des fichiers audio, les moteurs AWM2 et DX et leurs patchs asso­ciés four­nissent une certaine poly­va­lence remarquable. J’ai pu ainsi m’amu­ser avec des sons typique­ment FM (Lately Bass like, pianos élec­tro­niques, cloches, basses agres­sives, pads etc.) et d’autres que l’on voit surtout sur les works­ta­tions (pianos acous­tiques, orgues, cordes, cuivres, vents, instru­ments du monde, percus­sions chro­ma­tiques etc.) ou dans des synthé­ti­seurs géné­ra­listes grâce au moteur AWM2.

Pour la synthèse FM, tout le moteur est dispo­nible dans l’ap­pli­ca­tion, mais une partie seule­ment sur la groo­ve­box. Les para­mètres acces­sibles direc­te­ment sur le hard­ware peuvent d’ailleurs être auto­ma­ti­sés dans le step sequen­cer, par exemple en assi­gnant une valeur spéci­fique du para­mètre sur un pas. Par contre, les possi­bi­li­tés de sound design sur le moteur AWM2 sont assez limi­tées, proba­ble­ment dépen­dantes de formes d’ondes propo­sées dans les patchs et non acces­sibles pour l’uti­li­sa­teur final, et il faudra parfois ajou­ter des effets supplé­men­taires pour mode­ler un son.

Seqtrak-App-11Néan­moins, il reste possible quelque soit la piste de jouer sur un ensemble de para­mètres en commun, tel que l’at­taque, le relâ­che­ment, le pitch pour les sons (ce qui permet même via l’au­to­ma­tion de jouer d’un sample en chro­ma­tique dans le séquen­ceur à pas !), volume et panning en global ou par pas, les effets addi­tion­nels, et même un LFO réglable qui peut avoir plusieurs cibles ! De plus, les synthés possèdent des modes accords et arpé­gia­teur bien­ve­nus pour le jeu en live ou pour enre­gis­trer des séquences. De quoi nous faire regret­ter quand même qu’il n’y ait pas encore plus de pistes de synthé­ti­seurs ! Préci­sons enfin que le moteur sampleur permet comme son nom l’in­dique d’en­re­gis­trer des sons de l’ex­té­rieur, ou la sortie du master bus produit par la machine en live, qu’il permet de jouer de 7 sons diffé­rents en même temps, et que les réglages d’édi­tion des sons enre­gis­trés sont limi­tés mais perti­nents.

Crying for a silk song
00:0002:01
  • Crying for a silk song02:01
  • FM in the house01:16
  • Démos Bass Sounds01:33
  • Démos Pads Sounds01:01

Une machine qui fait son petit effet

Parlons main­te­nant un peu plus des effets embarqués dans le Seqtrak. La groo­ve­box de Yamaha propose non seule­ment un nombre d’al­go­rithmes d’ef­fets distincts assez impres­sion­nant pour une machine de ce type (pratique­ment une centaine !), ceux-ci sont en plus utili­sables un peu partout sur le chemin du signal et sur les diffé­rentes pistes. En effet (!), chaque piste possède un filtre qui peut être de trois types (passe-bas, passe-bande ou passe-haut), un égali­seur deux bandes para­mé­triques, le LFO qui peut être assi­gné à un certain nombre de cibles, deux volumes de send vers une réverb et un délai globaux dont on peut chan­ger le type et les para­mètres, et un effet parmi la grosse liste, clas­sés par caté­go­ries (filtres, délai, réverb, distor­sion, compres­seur clas­sique, ducker pour compres­seur side­chain modulé par la piste de kick, modu­la­tions, et autres).

De plus, le bus master a égale­ment deux volumes supplé­men­taires de send, un égali­seur 5 bandes, un compres­seur, encore un master FX, et deux effets dédiés à la perfor­mance. Ces trois derniers effets ont d’ailleurs un réglage « live », dont le type est custo­mi­sable, qui est assi­gné sur le hard­ware aux 3 zones sensibles au toucher. Ce sont par défaut une réverb, un filtre passe-haut et le beat repea­ter, qui sont très amusants à mani­pu­ler pendant la lecture des séquences pour faire des tran­si­tions. Cela fait donc beau­coup d’ef­fets qui sont acti­vés en même temps, on saluera l’op­ti­mi­sa­tion du soft­ware et le dimen­sion­ne­ment du hard­ware qui ont rendu cela possible.

Seqtrak-App-10Parmi les effets dispo­nibles, on notera la présence d’une modé­li­sa­tion de filtre Tran­sis­tor Ladder Mini­moog, de pratique­ment une dizaine de types de délais diffé­rents, de distor­sions numé­riques de type bitcru­sher ou wave­fol­der, de nombreux simu­la­teurs d’am­pli­fi­ca­teurs, de compres­seurs avec signa­tures variées comme le multi­bande pour faire du OTT ou de la modé­li­sa­tion de DBX 376 avec la tech­no­lo­gie VCM (Virtual Circui­try Mode­ling) de Yamaha, toutes les modu­la­tions possibles et imagi­nables du chorus à la Leslie, un pitch shif­ter, des enhan­cers, des filtres de formants, un tape stop, des effets agis­sant sur la stéréo… Petit moment d’éton­ne­ment aussi en tombant sur un algo­rithme qui ne paye pas de mine, inti­tulé « multi FX ». Celui-ci propose sur 3 pages de para­mètres à lui tout seul un simu­la­teur d’am­pli­fi­ca­teur, d’en­ceinte, une wah, une modu­la­tion, un compres­seur, un phaser, tout au même endroit ! On ne se privera pas d’ex­plo­rer les possi­bi­li­tés soniques décu­plées offertes par cette déme­sure de moyens, au même titre que les moteurs de géné­ra­tion de son eux-mêmes, et on pour­rait même imagi­ner se servir à l’oc­ca­sion du Seqtrak comme d’un multief­fets via son entrée audio.

Seqtrak-App-13On aurait aimé toute­fois qu’il existe une docu­men­ta­tion pour tous ces effets, pour comprendre préci­sé­ment les diffé­rences entre certains algo­rithmes qui semblent proches. De plus, la navi­ga­tion sur le Seqtrak hard­ware ne permet pas exac­te­ment de navi­guer d’un effet à l’autre sur chaque piste ou dans chaque onglet, mais plutôt de présets en présets pré-enre­gis­trés dans la machine, clas­sés par caté­go­ries, et qui couvrent une partie seule­ment des possi­bi­li­tés offertes par le moteur en termes de choix d’al­go­rithmes et de para­mètres. Ces présets sont éditables mais non remplaçables dans leur contenu, ce qui ne permet pas une utili­sa­tion d’un son parti­cu­lier dans un autre projet sans passer par l’ap­pli­ca­tion. Pire, j’ai trouvé person­nel­le­ment que certains présets sont carré­ment ratés. Par exemple, tous ceux présents dans la caté­go­rie « ducker » n’uti­lisent pas l’al­go­rithme de compres­sion le plus inté­res­sant à mes yeux, et ont des réglages trop doux pour créer l’ef­fet « side­chain compres­seur » si recher­ché en musique élec­tro­nique… C’est d’au­tant plus dommage que les algo­rithmes dispo­nibles peuvent faire ça très bien, et qu’il existe même un compres­seur side­chain multi­bandes très utile pour des sono­ri­tés plus modernes (on peut entendre ici le rendu de certains projets four­nis avec la machine qui utilisent pas mal d’ef­fets).

Démo – D. Dan
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  • Démo – D. Dan01:38
  • Démo – Demo Project 101:36
  • Démo – Demo Project 202:00
  • Démo – Hard Trance Techno 101:36
  • Démo – They Call It Acid 101:26

Séquences unitaires

Finis­sons à présent notre tour d’ho­ri­zon des fonc­tion­na­li­tés et de l’ap­pli­ca­tion. On appré­cie énor­mé­ment le confort d’uti­li­sa­tion de celle-ci, que ce soit avec toutes les infor­ma­tions propo­sées, comme les pense-bêtes de commandes acces­sibles constam­ment, le tuto­riel dyna­mique qui affiche des infor­ma­tions en lien avec ce que vous êtes en train de faire, et bien sûr le GUI Editor qui permet d’in­ter­agir avec toutes les commandes. La navi­ga­tion sur chaque fonc­tion­na­lité se fait très simple­ment via les onglets Master, Drums, Synths / Sampler, Perform et Settings. Sans surprises les trois premiers onglets donnent surtout accès à des para­mètres de sound design dont nous avons déjà parlé, ainsi qu’aux infor­ma­tions enre­gis­trées avec le step sequen­cer ou en direct à l’en­re­gis­tre­ment + quan­ti­fi­ca­tion, avec régu­liè­re­ment quelques infor­ma­tions qui s’af­fichent qui concernent les commandes assi­gnées actuel­le­ment sur le hard­ware.

Seqtrak-App-2On a égale­ment accès à des para­mètres globaux dans le dernier onglet tels que le swing, le BPM, la gamme préfé­rée, le nombre de patterns diffé­rents acces­sibles par piste (trois ou six), l’ac­ti­va­tion de groupes de drum chokes (pour que jouer un son sur une piste coupe la lecture des sons sur une autre), l’ac­ti­va­tion d’un noise-gate sur l’en­trée, des réglages MIDI etc. Et l’on­glet Perform permet en plus de jouer avec les niveaux de volume, de sends, l’état solo ou mute de chaque piste, les patterns actuel­le­ment joués, et les deux modes song (mais pas le panning bizar­re­ment).

Seqtrak-App-14Profi­tons-en pour parler enfin de la partie séquen­ceur à pas ! Chaque piste dispose donc de 3 ou 6 patterns, qui possèdent par défaut 16 pas mais qui peuvent en conte­nir jusqu’à 128 (y compris toutes les valeurs inter­mé­diaires pour créer des séquences rigo­lotes). Sur le hard­ware, en compor­te­ment par défaut du Seqtrak, chaque enco­deur label­lisé avec le nom d’une piste possède trois LEDs sur son côté gauche, qui indiquent le pattern en cours de lecture, avec une couleur diffé­rente pour les patterns 1–3 et les patterns 4–6. En tour­nant cet enco­deur, on change de pattern instan­ta­né­ment. Pour un mode de fonc­tion­ne­ment de type « quan­ti­sa­tion » qui doit jouer un certain nombre de pas avant de chan­ger de pattern, on peut rester appuyé sur l’en­co­deur avant de le tour­ner, et choi­sir un temps de « quan­ti­sa­tion » en nombre de pas ou en nombre de mesures. Il est inté­res­sant d’avoir ici les deux modes de fonc­tion­ne­ment.

Sur chaque pas, on peut déci­der de rentrer une infor­ma­tion ou non (trig sur les drums, une note ou plusieurs sur les synthés, un son ou plusieurs sur la piste sampleur). Chaque pas a ensuite une infor­ma­tion égale­ment de déca­lage ou micro timing, de longueur de note sur les synthés et le sampleur, d’un nombre de sous-pas à déclen­cher avec une tempo­ra­lité réglable, de l’au­to­ma­tion de certains des para­mètres de design, et même une infor­ma­tion de proba­bi­lité de déclen­che­ment dans le cas seule­ment des sons de drums malheu­reu­se­ment. L’ap­pli­ca­tion donne d’ailleurs accès à toutes ces infor­ma­tions et à un piano roll pour l’édi­tion des patterns sur les pistes poly­pho­niques. Notons que pour le moment le mode de fonc­tion­ne­ment des enco­deurs peut être problé­ma­tique pour entrer sur le hard­ware l’in­for­ma­tion de la longueur d’une note tenue, qui oblige à effec­tuer un nombre très impor­tant de tours pour arri­ver à plusieurs pas de longueur.

Seqtrak-App-15Au passage, les deux modes Song permettent de captu­rer un état parti­cu­lier du Seqtrak dans une scène parmi 16 possibles, à savoir les index en cours de patterns de chaque piste mais aussi les états solo et mute. Les diffé­rents modes songs et diverses options supplé­men­taires permettent de déci­der si chaque scène sera jouée en boucle, ou si elles doivent s’en­chai­ner, avec la lecture qui s’ar­rête ou qui peut recom­men­cer à la fin de la dernière scène.

Seqtrak-App-3Termi­nons notre petit tour de l’ap­pli­ca­tion en vous parlant d’une bizar­re­rie, à savoir le « visua­li­zer » qui permet de créer des vidéos avec l’en­re­gis­tre­ment live de l’au­dio, grâce au moteur Unity, et qui permet ensuite de sauve­gar­der le résul­tat au format mp4 ! L’ou­til semble être un délire des déve­lop­peurs, et rappelle furieu­se­ment une fonc­tion­na­lité équi­va­lente présente dans l’ap­pli­ca­tion du Teenage Engi­nee­ring OP-Z. Elle pousse quand même l’idée assez loin car il y a une ving­taine de templates diffé­rents, les objets 3d dispo­nibles sont haute­ment person­na­li­sables et synchro­ni­sés avec le contenu de chaque pattern, il est même possible de dépla­cer la caméra pendant la perfor­mance de diffé­rentes manières, de modi­fier les lumières ou de rajou­ter des effets post-proces­sing… Assez étrange mais fun !

Dans le mille pour les JOs ?

Main­te­nant que nous avons parlé de la navi­ga­tion fluide dans les fonc­tion­na­li­tés propo­sée par l’ap­pli­ca­tion, qu’en est-il du work­flow sur le hard­ware seul ? Et bien, je dois vous avouer que j’ai n’ai pas été parti­cu­liè­re­ment emballé par cette partie du produit. Pour commen­cer, la machine est légère, voire même trop, et ses côtés sont recou­verts de tous petits boutons qui permettent d’ac­cé­der aux diffé­rentes pages d’édi­tion. En fonc­tion de ce que l’on fait, l’ac­cès peut être peu prati­cable, notam­ment lorsqu’il s’agit de lancer la lecture ou de la couper. Le tout donne une impres­sion de soli­dité rela­tive, que ce soit au niveau des boutons, des enco­deurs qui peuvent être pres­sés, ou des pads assez « plocs plocs » de type clavier d’or­di­na­teur, que j’ai person­nel­le­ment assez peu envie d’uti­li­ser pour jouer avec l’ab­sence de vélo­cité, un feed­back sous les doigts assez parti­cu­lier, et leur légè­reté. Il est pour­tant possible de les trans­for­mer en « clavier » de jeu chro­ma­tique, ou d’uti­li­ser les sept (le huitième sert de bouton d’en­re­gis­tre­ment) sur la droite avec les notes de la gamme en cours sur un seul octave ou comme banque d’ac­cords, avec le bouton qui sert à chan­ger l’oc­tave en cours. Je les ai trou­vés fonc­tion­nels toute­fois dans le cadre de l’édi­tion de notes du step sequen­cer, chaque nouveau pas entré étant assi­gné à la dernière note ou au dernier accord que l’on a joué.

yamaha-seqtrak-blackDe plus, l’er­go­no­mie est assez rude, et on comprend l’in­té­rêt d’avoir l’ap­pli­ca­tion sous la main pour utili­ser certaines fonc­tion­na­li­tés avan­cées mais aussi pour se fami­lia­ri­ser avec la philo­so­phie de la machine. La plupart des raccour­cis pour accé­der à certaines pages néces­sitent d’uti­li­ser un seul bouton avec une étiquette présente sur la façade, mais parfois il faudra appuyer sur un bouton et sur un enco­deur, et se souve­nir de ce que cela fait car c’est indiqué unique­ment dans l’ap­pli­ca­tion ou sur le manuel ! Pire, l’ac­cès à certaines fonc­tions peut se faire d’une manière diffé­rente selon qu’on soit sur les pistes de drums ou sur les synthés. Je ne comprends pas trop non plus l’in­té­rêt d’avoir mis des « … » sur les étiquettes des FXs au lieu de choses plus parlan­tes… Avec un peu d’ha­bi­tude, et d’ef­fort de mémo­ri­sa­tion, on accède aux fonc­tion­na­li­tés les plus impor­tantes faci­le­ment heureu­se­ment, mais je trouve dommage d’avoir mis autant de boutons et de contrôles pour propo­ser ensuite des fonc­tion­na­li­tés acces­sibles de cette manière.

Pendant l’écri­ture de ce test et la produc­tion des démos audio, j’ai dû me servir beau­coup du manuel et de l’ap­pli­ca­tion pour me souve­nir de tout. Il m’est arrivé aussi régu­liè­re­ment de ne plus me souve­nir de l’on­glet dans lequel j’étais ou de cher­cher un peu trop long­temps à modi­fier une fonc­tion. Pour­tant certaines choses font sens heureu­se­ment, notam­ment l’édi­tion des patterns, après un peu de temps de prise en main. On appré­cie beau­coup aussi la présence d’une fonc­tion d’an­nu­la­tion, qui est presque obli­ga­toire ici étant donné que toutes les modi­fi­ca­tions appor­tées sont sauve­gar­dées auto­ma­tique­ment dans le projet. En tout cas après quelques sessions appli­ca­tion et manuel sous les yeux, il me semble tout à fait possible de jouer avec tout seul, mais il faudra s’ac­cro­cher les premières heures et peut-être utili­ser des anti­sèches !

Une fois vos scènes fabriquées, les sons + effets choi­sis (là aussi plutôt avec l’ap­pli­ca­tion pour avoir les noms des patchs et samples sous les yeux), on peut imagi­ner s’amu­ser avec la machine seule sans problème, même si il est diffi­cile de résis­ter à l’ajout d’un contrô­leur MIDI, recon­nais­sable d’ailleurs bran­ché direc­te­ment sur le port USB, d’au­tant que le Seqtrak ferait égale­ment un très bon rompleur. Les inter­ac­tions avec les 3 surfaces sensibles au toucher sont amusantes, notam­ment avec tous les effets dispo­nibles, et le fait que l’ef­fet se coupe sur les deux dernières lorsqu’on retire le contact des doigts. On regret­tera toute­fois que rentrer dans le mode Song stoppe la lecture audio, ce qui empêche de faire des allers-retours entre le choix des scènes et l’on­glet de mixage sur le hard­ware (ce n’est pas le cas en passant par l’ap­pli­ca­tion). J’es­père que ce mode de fonc­tion­ne­ment un peu étrange fera l’objet égale­ment d’une correc­tion via une mise à jour car cela peut limi­ter l’uti­li­sa­tion de la machine sans ordi­na­teur ou smart­phone à proxi­mi­té…

Enfin, je dois vous faire part de diffi­cul­tés que je rencontre person­nel­le­ment quand il s’agit d’en­re­gis­trer la sortie audio du Seqtrak, qui concernent d’ailleurs une majeure partie des groo­ve­box. Même si la machine propose un séquen­ceur à pas, des effets master et des outils de « perfor­mance », dans le cadre de la produc­tion d’une démo audio ou d’un morceau il est aisé de comprendre que ce n’est pas toujours idéal de simple­ment enre­gis­trer la sortie. La démo qui va suivre aurait pu être strea­mée en direct, mais j’ai préféré le faire en découpé, et orga­ni­ser les sections par piste direc­te­ment dans le STAN, pour mieux gérer le mixage en plus de l’ar­ran­ge­ment. La sortie audio propo­sée via USB ne donne accès qu’à la sortie du bus master, et s’uti­lise faci­le­ment sur macOS mais un peu moins d’ailleurs sur Windows où il faudra jongler avec les drivers audio de votre inter­face audio clas­sique et avec ASIO4ALL (là aussi ce n’est pas spéci­fique à Yamaha, à ma connais­sance la solu­tion idéale étant seule­ment présente sur les machines Elek­tron avec l’Over­bridge).

Mortal Fanzine
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Conclu­sion

Avant de conclure, je voudrais glis­ser un petit mot à propos du concur­rent direct du Seqtrak qu’est le OP-Z. Il n’aura pas échappé aux gens qui le connaissent et qui auront lu mon test qu’il y a entre les deux propo­si­tions des points communs assez impor­tants, et ce jusque dans le design de l’ap­pli­ca­tion (on pense notam­ment au module Motion qui permet égale­ment de faire de la vidéo et à l’usage d’Unity). Toute­fois, les diffé­rences sont suffi­sam­ment impor­tantes pour parler plutôt de varia­tion sur le même concept et justi­fier l’exis­tence de chaque produit avec des cibles et des usages diffé­rents. En effet, chaque machine a ses points forts (la poly­pho­nie et les effets notam­ment pour le Seqtrak, le nombre de moteurs de synthèse, le looper ou la Control Track chez TE) et des spéci­fi­ci­tés sur les sono­ri­tés acces­sibles et le work­flow. Si vous êtes inté­res­sés par une groo­ve­box dans cette gamme de prix, je vous conseille­rai donc de vous inté­res­ser à tout ça de près avant de faire votre choix, et je trouve que c’est une bonne chose pour Yamaha d’avoir pu propo­ser quelque chose d’in­té­res­sant et d’al­ter­na­tif à l’exis­tant.

yamaha-devoile-le-seqtrak-71847En tout cas nous sommes très contents de les voir se relan­cer sur le marché de la groo­ve­box après toutes ces années avec ce Seqtrak. Il possède un design et une philo­so­phie qui déclen­che­ront des réac­tions très variées. Parmi les choix de fabri­ca­tion réali­sés par la marque, il y en a qui sont d’une géné­ro­sité déme­su­rée (les packs de son, le contenu de l’ap­pli­ca­tion avec la vidéo, la poly­pho­nie etc.), et d’autres qui créent de la frus­tra­tion notam­ment au niveau du work­flow ou des contrôles physiques. Person­nel­le­ment, je préfère avoir à rete­nir quelques raccour­cis plutôt que de faire des tonnes de menu diving pour mani­pu­ler une machine, mais avec tous ces boutons et ces étiquettes je me suis dit qu’il aurait pu être possible d’al­ler plus loin pour les gens avec des gros doigts et qui n’ont pas envie de se désar­ti­cu­ler pour accé­der à une fonc­tion en live, ou peur de faire s’en­vo­ler la machine à cause d’une mani­pu­la­tion trop brutale.

J’ai eu aussi parfois la mauvaise impres­sion que l’ap­pli­ca­tion essayait un peu trop de compen­ser des problèmes d’er­go­no­mie ou de retours plutôt qu’à augmen­ter les capa­ci­tés de la machine, par le côté péda­go­gique ou la clarté qu’elle apporte, ou encore avec la quan­tité assez impor­tante de para­mètres et d’in­for­ma­tions supplé­men­taires acces­sibles unique­ment de la sorte. De plus, l’uti­li­sa­tion d’un contrô­leur MIDI externe apporte un énorme plus dont il est diffi­cile de se priver. Cela rend la machine moins inté­res­sante pour une utili­sa­tion stan­da­lone.

Toute­fois, il est éton­nant de voir tout ce que l’on arrive à caler dans aussi peu d’es­pace, avec la poly­va­lence globale des moteurs de synthèse, à l’aise autant avec des sons de type synthé­tiques que acous­tiques, le nombre de voix simul­ta­nées, les accès mémoires pour les samples, la quan­tité d’ef­fets, le nombre de présets que l’on peut enre­gis­trer en même temps sur la machine pour y accé­der à n’im­porte quel moment etc. Enfin, des mises à jour ont déjà été réali­sées pour rendre la machine plus agréable à utili­ser, notam­ment avec l’ajout du mode Scène ou du séquen­ceur à pas pour les synthé­ti­seurs. On peut donc faci­le­ment imagi­ner que le Seqtrak sera un produit encore plus inté­res­sant dans quelques mois, et que Yamaha conti­nuera à sortir des nouveaux produits on l’es­père dans cette direc­tion.

7/10
Fabrication (?) : Malaisie
Points forts
  • Le set de fonctionnalités
  • La générosité sur le contenu
  • Le design de l'application
  • L'audio en USB...
  • La polyvalence au niveau des sons et des moteurs de synthèse
  • 11 pistes !
  • Moteur FM complet sur une des pistes
  • La quantité d'effets disponibles
  • Polyphonie élevée sur les pistes de synthétiseur
  • Le Undo / Redo
  • Les outils pour la performance live
  • Les deux modes Song et Scene
  • Documentation en français
Points faibles
  • Ergonomie niveau hardware
  • Obligation de retenir par cœur certaines commandes clé
  • ...mais sans les pistes séparées et sans la flexibilité d'un Overbridge
  • Solidité de l'ensemble questionnable dans la durée
  • Stabilité et accessibilité de certaines commandes perfectibles
  • Les pads
  • Course lente sur les encodeurs
  • Beaucoup de paramètres et de possibilités accessibles uniquement dans l'application
  • Quelques informations non documentées
  • Présets accessibles sur le hardware seul pas assez variés pour les effets
  • Quelques bugs sur l'application
  • Le nombre de projets limité à 8
Auteur de l'article Wolfen

Développeur freelance pour de nombreuses sociétés dans le domaine de l'industrie musicale, créateur de la marque Musical Entropy, et musicien qui achète plus de matos qu'il n'en joue


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